Élixir

(Bon, d’accord, le forum semble un peu mort. Tentons de le faire revivre! xD )

‘’Exister. C’est facile de commencer à exister. Il suffit de naître. Un peu plus ardu de faire cesser son existence par soi-même. Mourir n’est jamais facile, quand c’est par choix. La mort fait peur, car c’est l’inconnu. Mais expirer, ne serais-ce pas plus facile que d’exister? Que de continuer la vie? Surtout, mais surtout, quand cette vie n’a pas de fin. Quand elle n’a jamais de cesse. Lorsque le soleil nous est interdit, que la joie elle-même est prohibée ou que l’ont a vécu la torture de la mort. C’est comme cela, j’imagine, que j’aurais pensé. Avant. Car ce n’est plus la même chose, à présent.
Maintenant, je sais que ce n’est pas si mal. Enfin, je crois. Ce que je trouve pénible, c’est de ne pas savoir. Suis-je morte? Car j’ai trépassé, sans aucun doute. Mais suis-je vivante? Je marche et je parle. Et je… je tue, aussi. Et je dois bien avouer que je n’ai aucun remord. Pourquoi en aurais-je? C’est dans ma nature, à présent, et puis, c’est amusant. Peut-être pas, mais c’est divertissant, tout au moins. Et c’est indispensable. Quand le Maître le dit, nous devons le faire. Obéir.
Le Maître nous a sauvé, toute les trois, moi et mes sœurs. Moi la première. J’allais mourir, car l’existence ne m’était plus supportable. Car la mort me paraissait attirante, en tout cas, elle semblait mieux que ma vie. Mais je n’ai pas eu la mort que j’avais prévu. C’est le Maître qui est arrivé, un moment avant que la corde ne m’enserre le cou. Que le nœud empêche l’air de me maintenir en vie. Il enleva la corde. Il me parla. Et il m’emmena avec lui. Il me dit d’abord que la mort ne me méritait pas. Et qu’il serait dommage de gâcher un tel talent, parce que ma vie et ma famille n’était plus. ‘’Et si ma vie n’est plus et que je n’ai pas la mort, qu’aurais-je?’’, est ce que je me souviens lui avoir demandé. J’étais naïve. Il ne m’a pas répondu, il est rare qu’il réponde à ces questions. Aussi nous ne les lui posons pas, à présent. Il m’a simplement dit que si je le voulais, il me donnerait une autre existence. Plus longue, plus plaisante. Et parce que ma vie me dégoûtait et que la mort m’effrayait, j’ai accepté.
N’allez pas croire que je regrette. C’était un choix évident. Avais-je le choix? Il m’arrive, parfois, dans un moment d’égarement, d’en vouloir à notre Prince. Mais les bienfaits qu’il nous a apportés ne sont-ils pas énormes en comparaisons à la douleur de mourir? Nous avons une vie sans mort. Nous avons nos sœurs, et le Maître. Mais il n’est pas de grand réconfort. Il est le Maître, et nous ses servantes. Mes sœurs non plus ne sont pas de grandes aides dans des moments de tristesse. Ce sont, à mon sens, les pires vipères de cette terre. Comme moi. Si cela était sans conséquence, je les tuerais sans plus de remords. Mais voilà, nous sommes trois et il est préférable, sinon essentiel, que nous le restions. Et puis, je mourrai de me retrouver seule. Aussi agis-je comme elles, sourires et rires, en général. Je ne sais aucunement si elles pensent comme moi. Je ne veux pas le savoir.
Tout ce que j’ai besoin de savoir, ce sont les ordres et les demandes du Maître. Obéir et exister. Parfois, j’aimerais outrepasser ses commandements. Quand il nous enlève une proie de la bouche, carrément, par exemple. C’est extrêmement rare, mais dans ces occasions, nos différents tombent et nous devenons trois sœurs. Contre le Maître. Enfin, c’est de cette manière que je le vois. Peut-être pas elles. Mais je ne veux pas le savoir non plus.
Je ne sais pas plus si je suis morte ou vivante. Si la mort aurait été préférable à cette existence, à cette non-vie, mais néanmoins non-mort. Et je préfère m’en moquer. Je suis nommé Élixir, et ne me demandez pas mon vrai nom. Je préfère l’oublier, tout comme mon passé. Il est mort, comme j’ai expiré, mais lui, il ne revivra jamais. Moi si. Moi, je vis pour toujours, et j’ai bien l’intention de m’amuser.’’

Comme cela, sûrement, vous devez la plaindre. Mais ne faites pas cette erreur: elle se retrounera contre vous. Elle n'est pas de celle à qui on offre sa compassion, car elle a fait de trop mauvaises choses pour prétendre à l'absolution. D'abord, elle a accepté de damner son âme, ce qui en soi n'est pas actes de dieu, et puis elle est heureuse de l'avoir fait, peut-être crime encore plus grave. Et cela lui importe peu. Bien qu'elle puisse en dire du mal dans son esprit, elle aime son sauveur, et c'est pour cela qu'elle s'est rendu jusque là. Elles l'on toutes aimé. Elles l'on toutes rejoint. Et, pour la part d'Élixir du moins, en est heureuse. Elle n'hésite pas à tuer, à blesser, à détruire. Elle n'a plus d'âme, et probablement plus de coeur. Tant pis, elle ne s'en porte pas plus mal non plus.